Oxmo Puccino : 10 ans de carrière
Oxmo Puccino, de son vrai nom Abdoulaye Diarra est né au Mali en 1974. Arrivé en France en 1979, Oxmo Puccino commence à rapper vers l'âge de 13 ans et ses premières apparitions sur disque datent de 1995, époque où il se mêle aux rappeurs de son quartier, en participant à de nombreux projets musicaux. L'un de ces projets, Time Bomb lui permet de collaborer avec les X-Men, Lunatic (Booba et Ali), Hifi et d'autres :
(crédit photo : Rod Maurice)
La principale singularité d'Oxmo Puccino réside dans son écriture, basée sur les métaphores et les phrases chocs. Ce lien à la chanson française lui vaut le surnom de "Jacques Brel black".
Son premier album solo sort en 1998 : Opéra Puccino est selon les critiques "un opus de qualité, avec des textes construits comme des mini-scénarii, sur un flow qui lui est bien propre" :
Opéra Puccino a démontré qu'on pouvait rapper autrement. Dans le sillage de cet album , le cinéaste Jacques Doillon, peu suspect d'écriture urbaine en général, trouvait dans L'enfant seul une musique idoine pour habiller son film Petit frère et ce coup de projecteur de la culture institutionnelle faisait entrer Oxmo dans une autre dimension, puisque déjà, on le prédisait trop “large” pour se contenter du microcosme hip-hop :
L'Amour est Mort, l'opus suivant, sort en 2001 et chauffe la place à son troisième album : Le Cactus de Sibérie (2004). Après une longue tournée à travers la France, Oxmo édite en 2005 un album live, Black Tour Desperado.
Sur le site de Oxmo, on peut lire la genèse de ce projet extraordinaire :
Après une tournée de 18 mois, Oxmo Puccino ne veut pas forcément refaire un album de rap. C'est en juin 2005, que Blue Note le contacte et lui propose un projet "jazz avec des histoires". Oxmo commence alors des rencontres extra hip hopiennes. Entre alors en scène Vincent Segal (encore lui ! :-)) qui propose deux de ses amis : le pianiste Vincent Taurelle et le batteur Vincent Taeger. Les deux Vincent sont dingues des textes de Oxmo, moins de ses musiques.
Bon début, et début des problèmes. Comment raconter ces histoires dans le cadre narratif contraignant d’une suite de chansons durant 3 à 5 minutes ? Oxmo l’explique : ’’ça a été tout un travail! Pour écrire un film il faut 100 pages, là il fallait tout dire en 10 – 11 morceaux. Le challenge était de dire le plus de choses avec le moins de mots possible. Ca a changé mon écriture.’’
Pendant quatre mois de préparation et cinq mois d’action en studio, Ox’ et sa team de Jazzbastards peaufinent ce qui va devenir Lipopette Bar, un projet totalement nouveau.
Niveau technique, le trio commence par enregistrer certaines des musiques sur bande analogique. Presque une bizarrerie à l’ère du ProTools et du tout électronique. ’’Au tout début on était parti sur des samples empruntés au catalogue Blue Note mais ça n’a pas été possible’’, raconte Vincent Taurelle. ’’Alors on a commencé à travailler live. La première étape a surtout été de rencontrer Oxmo musicalement. Le jour où Vincent Taeger a enregistré un beat et l’a instantanément joué différemment à la demande d’Oxmo, Ox’ a dit ’’je ne travaillerai plus jamais avec une MPC, c’est génial !’’ (rires) C’était parti.’’
Et là, tout va très vite. Parce que le courant passe et que le temps presse. Le ping-pong créatif entre les paroles d’Oxmo Puccino et les musiques des Vincent dessine peu à peu le résultat final : un concept album jazz sur une thématique façon film noir, comme ces histoires fractionnées racontées au cinéma par Paul Thomas Anderson dans Magnolia et Robert Altman dans Short Cuts. Quelques concerts magiques et improvisés, dont la première partie de Little Louie Vega au Bataclan pour le festival Blue Note, achèvent de souder les Jazzbastards, live gang de mutants jazz rap composé d’Oxmo, des deux Vincent et de quelques suspects habituels (Marcello Giuliani le contrebassiste, Ludovic Bruni le guitariste). Lipopette Bar est un disque qui groove au son d’un jazz contemporain qui a écouté The Roots, une suite d’histoires noires impliquant la chanteuse Billie, le flic ripou Pat Phil, le videur du bar Black Popaye…
Le prochain album de Oxmo Puccino, L'arme de paix, est annoncé pour le 23 mars : le premier extrait, Masterciel, est téléchargeable gratuitement sur son site :
Oxmo Puccino - Masterciel
par CInq7
Oxmo sera en concert au Bataclan le 5 mai :