Konbini New wave #7 : Benjamin Siksou, profond mélancolique

Publié le par MuLes

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Morceaux choisis : " Ils sont jeunes, viennent d’un peu partout et vont prendre la relève du cinéma français. Après Finnegan Oldfield, Stéfi Celma, Rod Paradot, Déborah François, Corentin Fila et Alice Isaaz, c’est le tour de Benjamin Siksou de rejoindre la team NEW WAVE.

Cette année, Benjamin Siksou vient de franchir un nouveau cap – ou plutôt deux. En musique, son premier amour, il débarque avec un album intimiste, Au chant du coq. En cinéma, il a décroché pour la première fois le rôle principal d’un film de niche, Villeperdue.

Musicien jazzy et acteur romantique, Benjamin Siksou avait le profil idéal pour intégrer la NEW WAVE, aux côtés de ses semblables prometteurs. Pour l'occasion, il propose une version des plus mélancoliques du titre emblématique des Rita Mitsouko, "Marcia Baïla". Sur le même ton, il se raconte dans une interview.

[...] Konbini  : Tu ne joues que de la guitare ?

Benjamin Siksou : Oui, c’est comme ça que je compose. Un peu de piano aussi, parfois. Je prenais des cours de violon quand j’étais petit, mais c’était seulement mon éveil musical.

J’ai appris à jouer de la guitare avec des potes, pour m’accompagner au chant, à la base. Pour chanter du Nirvana, du Bill Withers… J’ai voulu apprendre les chansons que j’aimais chanter.

Tu te souviens de tes premières compositions ?

Oh oui, même si j’essaye de les oublier [rires].

Je n’assume plus du tout. Par exemple, je suis très heureux de m’être fait refouler des maisons de disques quand j’étais venu avec mes premières maquettes, parce que si elles étaient sorties je ne les assumerais vraiment plus.

C’était sur quoi ?

Des textes très adolescents, très complaisants, sur la mort, les regrets, les souvenirs… Très mélancoliques, très tristes. Après, je ne sais pas si mes textes sont plus joyeux aujourd’hui…

J’espère juste que les textes que j’écris aujourd’hui, je pourrais les assumer dans dix ans.

En fait, t’étais un ado torturé

[Rires] Oh bah oui, sinon je n’aurais pas fait de musique. Je n’aurais d’ailleurs rien fait.

Tu sais, tout ça vient d’un manque, de quelque chose à combler. Si tout va bien, tu ne fais rien : tu traînes juste avec tes potes et voilà.

[...]

C’était en 2008, ça fait presque dix ans… t’en gardes quel souvenir de cette émission ?

Des souvenirs de premières fois surtout. Le stress de cette médiatisation, comme un grand tourbillon médiatique. Il y avait vraiment une sorte d’hystérie autour de ça. Les groupies qui dormaient devant l’hôtel, et qui revenaient toutes les semaines, tous les jours… Et puis en même temps il y avait aussi un truc très positif dans toute cette euphorie.

Je pouvais chanter ce que je voulais, on pouvait faire nos arrangements… Il y avait quelque chose d’un peu créatif, avec beaucoup de moyens et de super musiciens. Le direct aussi, c’était assez excitant et jouissif.

Tu te souviens de ton premier casting à La Nouvelle Star ?

Au final, ils n’ont gardé que "Just the Two of Us". Mais j’en ai chanté cinq ou six de Chet Baker, des Rolling Stones… J’avais tout choisi, mais il y avait un pré-casting avant, et c’est le producteur qui a dit que je devais chanter celle-là devant le jury.

[...]

Selon toi, c’est quoi le rôle qu’on te propose trop souvent ?

J’sais pas… Ah, si : on me propose souvent des rôles de gros connards, et c’est très agréable de jouer les gros connards [rires]. C’est un puits sans fond pour un acteur, le connard.

Sinon, le jeune premier : romantique, amoureux, je ne sais pas. Peut-être que c’est dû aux cheveux. Il est tant que je les perde.

Comment tu choisis tes rôles ?

On ne peut jamais savoir ce qui va marcher. Tu penses juste à l’expérience que ça peut être. Quand tu vois que c’est Abdellatif Kechiche, tu n’hésites pas. Je connaissais bien son travail.

Justement, Abdellatif Kechiche a une certaine réputation dans le milieu… Il est comment en vrai ?

Je n’ai jamais assisté à ces scènes d’hystérie dont on a beaucoup parlé. Je suis arrivé tard sur le tournage, ça faisait déjà trois mois qu’ils tournaient. Mais par contre c’est vrai que c’est totalement inédit la façon dont ça se passe. C’est très étrange.

[...]

Et sinon, quels sont les films qui t’ont marqué quand tu étais gamin ?

Je suis très films français – même si j’ai regardé beaucoup de films de série B, forcément doublés en français, quand j’étais petit.

Un air de famille ou Cuisine et dépendances m’ont beaucoup marqué. Peut-être à cause des thèmes aussi, qui me correspondent, comme celui de la famille.

Downtown 81, m’a complètement changé. On suit Basquiat dans New York, en 1980-1981, et on voit toute la scène new-yorkaise du début des années 1980, avec un mec qui s’appelle James Chance, un chanteur qui fait du free-jazz punk. C’est incroyable, fascinant. Je l’ai vu vers 18 ans. C’est le moment où j’ai voulu faire de la musique.

Sinon, il y a aussi Roy Anderson, un réalisateur au style très particulier, très reconnaissable, qui a fait Nous, les vivants. Autant dans le fond que dans la forme, c’est très grinçant, très drôle et étonnant.

As-tu des talents cachés ?

La bouffe. La faire et la manger. Ça me prend beaucoup de temps.

En ce moment, tu es à l’affiche de Villeperdue. Qu’est-ce qui t’a séduit dans ce film ? Il est très différent de ceux que tu as faits jusqu’ici.

C’est un moyen-métrage qui dure 52 minutes. Il a fait quelques festivals l’an passé. C’est l’histoire d’un trio, un frère et une sœur qui retrouvent leur mère, pendant un week-end, après la mort de leur père. Ça parle de l’amour, de la famille, des complications qu’ils entraînent.

Je trouve que c’est l’un de mes plus beaux rôles parce que le réalisateur, Julien Gaspar-Oliveri, nous cherche, nous accompagne. Il nous fait donner le meilleur de nous. Moi c’est ce que j’attends : j’ai envie qu’il y ait ce rapport, avec le metteur en scène.

Il y avait vraiment une urgence, on a tourné très vite, avec peu de moyens.

Bon, par contre, en musique tu as ton premier album qui sort…

Ah bah oui. L’album c’est une grosse étape dans ma vie, avec les concerts qui vont arriver à la suite de ça.

Tu nous le présentes ?

Alors, tu trouveras 12 chansons originales que j’ai composées et écrites ou coécrites. Il y en a une qui a été écrite par Ben Mazué et d’autres par Pierre Grillet, qui avait écrit "Madame Rêve" pour Baschung.

J’ai enregistré en Hollande, dans un studio magnifique (une église). C’était très intéressant de travailler avec quelqu’un qui n’avait pas le français pour langue natale, parce que j’ai l’impression qu’il travaille plus avec la musique des mots qu’avec leur sens. Ça donne une couleur différente à l’album, c’est riche.

J’ai réussi à aller au bout de mes idées, de certaines obsessions musicales. Ça m’a beaucoup soulagé de pouvoir collaborer, de me lâcher un peu. En plus, cette fois, je n’ai écrit qu’en français. Pour moi, l’anglais ça me sert plus à chanter de grands standards qu’à écrire des chansons originales. J’ai vraiment dissocié ça dans ma tête, les reprises en anglais pour le spectacle, et mes compositions et mes textes en français. Ce qui est, je trouve, beaucoup plus sincère, naturel et intéressant à chanter. " Le reste ici.

 

 

Publié dans Benjamin's ITW, Cinéma, Vidéo

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