Une interview pour la Marseillaise
25-05-2009
La vie n’est pas avare de coïncidences : alors que le
lauréat de la Nouvelle Star 2006, Christophe Willem, fait un touch & go à Marseille ce midi pour fêter la sortie de son 2e album, c’est le candidat malheureux de la session suivante, Benjamin Siksou, qui sera à l’affiche, ce soir, à l’Espace Julien. Où il affiche complet, d’ailleurs. Mais, outre le fait que cette concordance rappelle plus que jamais à quel point le tremplin télévisuel -en attendant de se faire damer le pion, Hadopi ou non, par Internet- est devenu un incontournable accélérateur de carrière, et que le fait de perdre n’est pas une fin en soi -dans des genres différents, Olivia Ruiz ou Amel Bent pourraient en témoigner-, le parallèle s’arrête là.
Car Benjamin Siksou semble vouloir s’afficher très loin des paillettes de son confrère (qui d’ailleurs, sur scène, et nous l’avions écrit quitte à subir les foudres des foules idolâtres, avait révélé toute ses limites…), et suivre peu ou prou le chemin qu’il avait tracé bien avant M6. Celui d’un blues élégant, presque roots, forgé au fil des boîtes de jazz et autres petits clubs parisiens.
Parviendra-t-il a dépasser son image de bogosse face à un public qui, forcément, comprendra quelques donzelles pré-pubères ? Saura-t-il éviter les effets de vibrato qui, de prime en prime, tombaient souvent à plat, ou à côté ? Avant d’en juger sur pièce ce soir, le jeune homme a bien voulu décrocher son téléphone…
Avant de proposer un album, et alors qu’on trouve peu de titres en ligne sur le net, vous partez en tournée. Privilégier le live, c’est une stratégie ?
Un disque, ça ne se fait pas aussi facilement que ça… Et puis, c’est plus « définitif » ; partir en tournée, faire des concerts, en formation guitare-basse-batterie, c’est d’abord une possibilité de sentir le pouls du public depuis cette émission, de faire vivre et évoluer mes chansons avant de les graver pour de bon.
C’est le fait d’être né « dans le métier » qui vous incite à autant de prudence ?
« Dans le métier », c’est beaucoup dire… Ma mère est artiste peintre, et mon père écrivait temporairement dans un magazine de jazz -il n’y est plus, d’ailleurs-, mais ça a été monté en épingle pendant l’émission… Même si j’ai pas à me justifier, je peux affirmer que je fais ma vie sans soutien, sans piston…
Sans album, on imagine qu’il y aura beaucoup de reprises…
Il y en aura trois, je crois… The Ghetto de Donny Hathaway, le Just the two of us de Bill Withers, My funny valentine de Chet Baker et Madame rêve de Bashung. Ca fait quatre, donc, mais pas plus… Le reste, ce sont des chansons que j’avais écrites avant l’émission, ou que j’ai écrites depuis.
La première, My Eternity, est cosignée avec Hugn Coltman et réalisée par Vincent Segal. On parle aussi de Oxmo Puccino… Un beau casting qui sera sur les autres titres à venir ?
Avec Hugh on se connaissait avant que je ne fasse l’émission… Pour l’album, très sincèrement, rien n’est fixé, on reste dans un désir de liberté, de suivre nos instincts. Avec Oxmo Puccino, il y a déjà plusieurs choses, et j’aime énormément travailler avec lui, il a un talent énorme ; ça sera sur un live pris en avril au Café de la Danse à Paris, qui sortira fin juin. Un EP auto-produit.
En fait, je sais très bien où je veux aller ; même si ce n’est pas évident, même si je ne sais pas vraiment comment, je sais où je vais. Et je sais que, pour y parvenir, je dois faire de la scène, je devais faire cette tournée.
Et cet avenir passerait par le cinéma ? Avant la Nouvelle Star vous aviez tourné dans 15 ans et demi et surtout Largo Winch…
Tout s’est enchaîné très vite, et j’aime les deux univers, je trouve qu’ils se répondent, qu’ils se marient. Beaucoup de comédiens chantent et beaucoup de chanteurs tournent des films, ici et ailleurs. Alors oui, j’en referai si ce qu’on me propose me séduit ; j’ai d’ailleurs tourné quelques courts-métrages, notamment avec Jean Douchet, un des pères de la Nouvelle vague. J’en suis très fier…
Votre dernier choc musical ?
Euh… C’est pas un truc récent, mais je viens de découvrir l’album dédié à Mingus par Joni Mitchell, et je suis assez obsessionnel là-dessus en ce moment (rires). Surtout le titre Goodbye pork pie hat. C’est énorme…
Et au cinéma ?
Je sais pas… J’ai vu Good morning England, c’est vraiment un bon film. Et la B.O. est parfaite !
PROPOS RECUEILLIS PAR
DENIS BONNEVILLE
Benjamin Siksou (1e partie Irma), ce soir à 20h30 à l’Espace Julien, 39 cours Julien, Marseille 6e. Concert complet. Infos 04.91.24.34.10 espace-julien.com, lemoulin.org et benjaminsiksou sur myspace